Félix Castan, Henri Meschonnic : deux penseurs que leur modestie, autant que l’extrême sérieux de leurs travaux, éloignent des projecteurs. Deux géants : l’un de l’action culturelle à la base de la société ; l’autre de la critique en milieu scientifique. Leurs aventures n’ont en apparence rien de commun, et leurs chemins ne s’étaient jamais croisés. Leurs conclusions les rapprochent et le Forom des Langues les a réunis.

Félix Castan (1920-1995)

Né en 1920 dans le Lot, Félix Castan a débuté sa vie professionnelle comme ouvrier agricole après des études de lettres au Lycée Louis le Grand. Instituteur de village puis professeur de collège, écrivain occitan, militant occitaniste, il est entre autres à l’origine du Festival de Montauban, de la Mòstra del Larzac, du Centre international de Synthèse du Baroque, etc..

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Henri Meschonnic (1932-2009)

Professeur émerite de linguistique à l’Université Paris-VII, poète, traducteur de la Bible, essayiste, Henri Meschonnic a mené pendant trente ans une réflexion de fond sur les enjeux profonds de la traduction littéraire. À travers sa pratique poétique, ses traductions, ses analyses et ses réflexions théoriques, Henri Meschonnic propose une critique des savoirs et des pouvoirs contemporains, qui se révèle dense d’implications philosophiques et politiques.

Il a participé à la plupart des éditions du Forom des Langues et a lancé à l’occasion du Forom 2001 la Déclaration Universelle des Devoirs envers les Langues et les Cultures du Monde.

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Le langage Heidegger, de Henri Meschonnic, est en vente au Carrefour Culturel Arnaud-Bernard (10 €)

Historique du Forom des Langues

        En 1984, à Barcelone, une assemblée de la CONSEU (Conseil des Nations sans Etat), à laquelle participait, à titre d’invité extérieur, l’Institut d’Estudis Occitans (Bureau National, IEO Sector Musica, IEO-31…) proposa la création d’une journée internationale – le 21 mars, premier jour du printemps – consacrée à la défense et la promotion des langues dites « minorisées » de l’Europe, chaque aire linguistique devant fêter sa propre langue.

            A Toulouse, relevant l’intérêt d’une telle fête mais prenant à contre-pied sa stratégie, et s’appuyant sur les travaux et les réflexions théoriques de Félix Castan[1] pour considérer que « les occitanistes ne peuvent défendre efficacement leur propre langue qu’en défendant toutes les langues du monde, menacées ou déjà victimes de minorisation, occultation, disparition », l’IEO-Musica proposa à ses partenaires, et notamment à l’IEO-31, responsable principal de l’organisation de la fête, d’inviter d’autres représentants de langues à participer à la manifestation et d’élargir ses objectifs selon ce principe.

C’est en effet Félix Castan le premier – et longtemps le seul -, qui établit :
–   l’anti-narcissisme historique des peuples de langue d’oc (aucun mouvement pour la création d’un royaume ou d’un Etat propre),
–   la participation pionnière et de premier plan des écrivains occitans à l’idée d’une nation française contractuelle, non ethnique, et polycentrique,
–   la logique anti-unitariste, donc culturellement pluraliste, de toute la littérature occitane, de l’époque post-troubadouresque à aujourd’hui.

On comprend mieux, ce disant, en quoi le développement actuel de la manifestation « Prima de las Lengas » est inclus dans ses prémices.

Ces propositions ont crée un long débat dans les milieux de l’occitanisme toulousain. L’ IEO 31 prit en charge une fête occitane (avec des invités, notamment catalans).

        En 1993, tirant toutes les conséquences du caractère confidentiel de la manifestation ainsi conçue, réaffirmant l’intérêt de l’alliance avec les autres communautés linguistiques « minorisées », considérant que même les langues « les plus puissantes » aujourd’hui sont victimes de méconnaissances, le Carrefour culturel Arnaud-Bernard propose à un certain nombre de partenaires [2] de transformer la Fête de la Langue Occitane en une série de manifestations appelées Prima de las Lengas (Printemps des Langues) et allant plus loin, de promouvoir, dans une journée appelée FOROM des Langues du Monde, toutes les langues du monde, quels que soient leurs statuts.

       En 1995, nouveau tournant : le Forom s’installe sur la Place du Capitole pour une journée, le dimanche, autour de la croix occitane, et, en milieu d’après-midi, rencontre et conversation entre Félix Castan et Henri Meschonnic [3], suivies d’une discussion avec le public. Ces entretiens annuels se sont poursuivis depuis avec d’autres personnalités. Notons la présence d’Henri Meschonnic chaque année jusqu’à son décés en 2009.

      En 2001, dans 7 villes a été organisée, sous notre impulsion, une Fête des langues comparable à la nôtre : Pamiers (deuxième édition), Nantes (deuxième édition), Brest, Nice, Strasbourg, Perpignan et Montauban.
      En 2002, Decazeville, Bordeaux, Avignon suivent le mouvement…
      En 2003, Castanet, Villeurbanne, Bayonne, Hanovre (Basse-Saxe), Leewarden (Frise) ;
      En 2004 ; Le Bugue ; Lille.
      En 2005, Sceaux ;
      En 2007, Liège, Copenhague ;
      En 2010, Lyon ;
      En 2012, Antananarive ;
      En 2013, Thessalonique, Najac ;
      En 2014, Sénart ;
      En 2018, Marseille.

[1] Félix Castan, : écrivain occitan, militant occitaniste (organisateur du Festival de Montauban, de la Mòstra del Larzac, du centre International de Synthèse du Baroque…). Auteur notamment  du Manifeste multiculturel et anti-régionaliste (Cocagne, Montauban 1984), Argumentari (IEO 1994)
[2] IEO 31 ; IEO Musica ; Esperanto Kultur Centro ; Calandreta Sant Çubran 
[3] Henri Meschonnic : Poète, traducteur, théoricien du langage, professeur de linguistique (Ecole doctorale discipline du sens à Paris VIII) / référence bibliographique : 1982 : Critique du rythme, Anthropologie historique du langage, Verdier.

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